Dépression, récession, non ! non ! non !

Entendra-t-on bientôt les traders, les spéculateurs, les financiers de tout poil scander ainsi leur mécontentement dans les grandes places boursières du monde ? Voilà presque deux ans que les économistes les plus pointus, du moins les plus pessimistes, ceux en qui il reste une once de raisonnement marxiste, voire keynesien sonnent l’alarme et pointent du doigt la « titrisation », le scandale à venir des « subprimes ». Aujourd’hui, « la crise » est sur toutes les lèvres, dans tous les catalyseurs d’information du monde ; que doit on attendre d’elle ? Analyse.

Le mécanisme qui a conduit à cette crise financière majeure est maintenant bien connu et a été bien détaillé par l’intégralité des médias. On trouve même une petite bande dessinée au graphisme rudimentaire écrite par des traders de Wall Street et traduite par le site rue 89 et qui décrit très simplement et avec malice le mécanisme déclencheur de la crise. Sachez simplement que tout est parti des Etats-Unis. Ce pays, à l’inverse du nôtre est bâti sur une logique du crédit. La banque fédérale fixe des taux et ceux-ci étaient depuis quelques années ridiculement bas. Cela a naturellement induit une flambée des cours de l’immobilier – le principe s’est également vérifié en France. La combinaison de ces deux indicateurs à créé une sorte de bulle financière qui a amené des sociétés peu regardantes à proposer des crédits immobiliers à des ménages déjà endettés et n’ayant pas les moyens de rembourser. Ceci sur le seul gage que le bien acheté gagnerait obligatoirement en valeur et que cela constituait une garantie suffisante pour accorder un crédit. Est arrivé ce qui était prévisible : le marché de l’immobilier s’est effondré, jetant une foule d’américains à la rue. Cela aurait pu en rester là, aurait dû en rester là…

2. La crise financière

Les crédits s’agglutinant dans les établissements financiers, il s’est rapidement avéré que personne ne pourrait les garantir. L’idée a alors germé de transformer chaque crédit, représentant un bien immobilier, en une partie d’un titre. Ce titre devient un produit de placement, plus ou moins sûr selon sa côte, qui garantit un rapport à celui qui l’achète – sous forme de dividende reliée au taux de remboursement du crédit. C’est la « titrisation ». Les titres étant notés, la spéculation est allé bon train montant un invraisemblable château de cartes alors que les premiers souscripteurs de ces crédits commençaient tout juste à être mis à la porte. Et le château de cartes s’est écroulé. Provoquant un raz de marée sur toutes les places boursières du monde. Toutes les valeurs ont « dévissé », langage d’alpiniste ici très approprié pour affoler le trader. C’est la crise. Les économistes précédemment cités parlent à mot couvert de Krach – il y a en chaque économiste le doux rêve caressé de vivre un nouveau « 29 » pour avoir l’occasion d’être le nouveau Keynes, seul génie unanimement reconnu des sciences économiques. Les gouvernements rassurent. C’est leur métier.

3. Les mesures de redressement

Assez rapidement, et d’abord aux Etats-Unis d’où la crise est partie, les gouvernements des pays industrialisés, les seuls touchés par cette crise financière, ont réagit. Aux Etats-Unis d’abord, l’état a recapitalisé les banques touchées. Y compris la Lehmann Brothers d’abord laissée sur le carreau. Puis un plan a été décrété, le plan « Paulson » du nom du secrétaire du Trésor. 700 milliards de dollars US sont ainsi mis à la disposition de l’état pour prendre des parts dans tous les actifs menacés par cette crise majeure. L’Europe, suivant ainsi la directive mise en place par le premier ministre britannique Gordon Brown, a misé sur une autre méthode : le déblocage d’une quarantaine de  milliards d’euros destinés à recapitaliser les établissement en déroute et le dépôt de 320 milliards d’euros en garantie de l’ensemble des échanges et crédits accordés par les banques. L’idée derrière étant de relancer les échanges et de dynamiser le marché boursier totalement anéantit par ces évènements.

4. Et la suite ?

Les gouvernements, seuls aptes à pouvoir assurer l’intégrité et la sécurité de leurs populations ont donc été appelés à la rescousse. Un comble pour les libéraux  que de reconnaître en l’Etat le salut du marché ! Sorti de ce paradoxe, il va falloir retrouver son sang froid. Pour l’heure, les marchés jouent au yoyo. Quand Dow Jones monte, Nikkei descend et Cac 40 hésite… Mais passe une journée et c’est l’inverse… Les annonces de plans de redressements suscitent tour à tour les hourras et les plaintes. D’un point de vue strictement logique, seul un attentisme serein peut permettre une remontée, lente mais sûre, de l’ensemble des marchés financiers. La rigueur est un état de fait mais ne nécessite pas une réaction de panique. Keynes utilisait les mécanismes de la foule pour décrire les mouvements des flux financiers. Une image autant parlante en temps d’euphorie qu’en temps de crise. Pourtant, le mot de la fin reste très ancré dans l’économie de marché et appartient au célèbre Georges Soros, spéculateur émérite et richissime : « si vous vendez tout, moi j’achète ! »

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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