Doublement du Livret A : quelles conséquences pour les banques ?

Alors que le gouvernement a confirmé le doublement du plafond du Livret A de 15 300 € à 30 600 €, dont une part serait consacrée au financement des PME, le secteur bancaire s’inquiète des conséquences d’une telle mesure. Le cabinet Roland Berger anticipe même, pour l’ensemble des établissements, un surcoût 40 à 60 milliards d’euros liés aux transferts d’épargne.

C’était l’une des promesses phares de François Hollande pendant la campagne électorale : doubler le plafond du Livret A, placement toujours préféré des français malgré un gel de son taux d’intérêt février dernier à 2,25% (son encours a même augmenté de 9 milliards sur les quatre premiers mois de 2012 !).

Logements sociaux et PME

Concrètement, le passage de la limite d’encaisse à 30 600 € (contre 15 300 € actuellement) permettrait de financer plus de logements sociaux. Une part serait également affectée au financement des PME mais on ignore encore à quelle hauteur. Nul ne sait non plus si ce déplafonnement sera progressif ou non.

Déjà, certains économistes ont fait part de leur doute sur l’efficacité de cette mesure, rappelant que seuls 9% des détenteurs d’un Livret A l’ont aujourd’hui complètement rempli et représentent la moitié de son encours, qui atteignait 226,6 milliards d’euros fin avril 2012.

De son côté, le secteur bancaire a, par la voix du président de la FBF (Fédération bancaire française) exprimé sans détour son opposition et son inquiétude, laissant planer le « risque d’un détournement d’une part importante de l’épargne du financement des entreprises, alors que la priorité est d’améliorer la capacité d’autofinancement » de ces dernières.

Selon le président de la BPCE, la mesure serait mal ciblée, considérant que le logement social n’était pas directement confronté à un problème de financement mais plutôt à une capacité de construction liée la faiblesse de l’offre de terrains disponibles.

Interviewé récemment sur Radio Classique, Thierry Martel, directeur général de Groupama, s’est inquiété des conséquences sur l’Assurance Vie dont une manne de 30 à 40 milliards d’euros pourraient glisser, selon lui, vers le Livret A.

Autre sujet d’inquiétude : les surcoûts pour les banques liés au transfert d’épargne. Ceux-ci pourraient, selon une analyse du cabinet Roland Berger, s’élever de 480 à 730 millions d’euros.

Quelle perte pour les banques ?

Le cabinet Roland Berger va même plus loin : « la perspective d’une diminution de 20 points de base de la commission qu’elles perçoivent au titre de la collecte centralisée à la Caisse des dépôts et consignations (passage de 0,5% à 0,3% de l’encours) ».

Selon Roland Berger, cette baisse engendrerait « une perte supplémentaire de résultat de 380 millions d’euros sur les encours existants ».

La note pourrait s’élever pour les banques de 1 à 1,25 milliard d’euros.

Pendants sa campagne électorale, le candidat François Hollande avait également la conversion de l’actuel Livret de Développement Durable (LDD) en Livret Industrie, dont le plafond (de 6 000 € actuellement) serait aussi doublé.

Il y a un an et demi, Nicolas Sarkozy, alors en fonction à l’Elysée, avait aussi formulé cette proposition.

Post author

Laisser une réponse